Conte offert par Chloe.
La devise officielle du Canada fait écho à ma situation et à celle d’autres étudiants étrangers ou même aux (ressortissants) nationaux et binationaux qui n’ont pas pu rejoindre ce pays une fois que les frontières se sont fermées aussi rapidement que les écoutilles d’un navire.
C’est là que l’on se rend compte qu’il existe bien plus que des frontières symboliques : des frontières terrestres. On ne se rend compte de leur existence réelle que lorsque l’on est bloqué à l’extérieur ! Mais voilà, il faut bien protéger les populations de la contamination.
Cependant, personne n’ignore que préparer un voyage vers le pays de la feuille d’érable prend du temps et demande de la patience, ce qui s’est traduit, dans mon cas, par des procédures chronophages pour la demande d’un permis de travail, les frais qui l’accompagnent, la signature d’une convention de stage et des démarches pour obtenir des assurances de santé.
Outre le temps, ce voyage coûte surtout de l’argent. Mais voilà, le 21 mars, mon vol pour le Canada est annulé. C’est alors que j’ai pris conscience que, parfois, il faut avoir la sagesse de ne rien tenir pour acquis et préférer se laisser bercer par les eaux de l’incertitude.
Quand le moment viendra et que les conditions seront plus favorables, j’espère avoir l’occasion d’admirer les grands érables canadiens et leur feuillage flamboyant. Dans ce contexte d’agitation et pour protéger sa population de la crise sanitaire, le gouvernement canadien a donc fermé ses frontières le 21 mars et a mis en place des mesures restrictives : une quarantaine stricte obligatoire, le port du masque…
J’ai vécu la pandémie partagée entre deux pays, étudiant l’actualité à travers deux lunettes différentes, des lunettes canadiennes, les autres, françaises.
J’ai donc observé la situation évoluer sur deux continents, aux cultures bien différentes. Dans cette perspective de crise sanitaire, j’ai eu l’occasion de remarquer que les autorités canadiennes avaient pris davantage de précautions que les autorités françaises. Ce qui me frappe le plus, actuellement, est bien le manque de discipline des Français qui, sous prétexte que le masque n’est pas encore obligatoire dans l’ensemble des lieux publics, ne le portent pas et ne prennent aucune précaution sanitaire, que ce soit dans leur intérêt, ou celui des autres.
J’ajouterais qu’il existe un manque de coordination des pouvoirs publics français quant aux mesures à adopter dans cette situation d’urgence. Cette crise des solidarités ne semble pas présente au Canada, ou du moins, peu prononcée.
J’ai également été témoin du fait que la crise sanitaire bénéficiait à certains au détriment d’autres. Par exemple, au lieu d’embaucher des personnes ayant perdu leur travail ou de jeunes diplômés, certains préféraient engager des stagiaires non payé(e)s, résigné(e)s à la fonction de bénévole par défaut.
Un autre point crucial est la santé mentale. J’ai eu l’occasion de discuter de ce point sensible, à multiples reprises, avec des employés en télétravail. Le bouleversement des habitudes de travail et du quotidien ont poussé des individus de tous les continents vers un stress post-traumatique et technologique, liés à l’effet « confinement » et à l’isolement contraint.
Le temps passé devant les écrans d’ordinateur a eu un effet progressif néfaste sur notre cerveau, à tel point que certaines entreprises et organisations proposent une assistance psychologique à leurs employés. Ce n’est pas un problème nouveau, mais un phénomène qui s’est amplifié avec le confinement, puisqu’en 2018, la Commission canadienne de la santé mentale avait déjà mis en place une trousse d’outils pour la cybersanté mentale.
L’isolement et le repli sur soi créent également une atmosphère anxiogène au sein des foyers, ce qui a des conséquences sur les relations familiales. Il est donc vital de ne pas négliger notre santé mentale.
Je crois sincèrement que nous nous remettrons de cette pandémie et de la récession économique qui va la suivre, en prenant soin de notre santé mentale et de celle de nos proches, en nous appuyant sur les solidarités, l’esprit communautaire, en se soutenant mutuellement, peu importe le statut social, la génération ou la communauté d’appartenance.
En attendant, je vous en prie : portez vos masques et respectez les gestes barrières !